daily struggle peste ou choléra

Présidentielles 2022 : La peste et le choléra ne se valent pas

Arbitrer entre deux mauvaises options

Il reste peu de jours avant l’élection et vous êtes assaillis de messages et d’injonctions, donc je vais aller droit au but : oui, il faut et on peut choisir entre la peste et le choléra.

La peste bubonique a tout simplement un taux de mortalité ( jusqu’à 60%) beaucoup plus élevé que celui de choléra (autour de 2 à 3%). Si on vous propose de vous inoculer l’un ou l’autre, ou l’un des deux au hasard par exemple à la suite du second tour d’un deuxième tour d’un scrutin uninominal à deux tours, vous devriez rapidement choisir le choléra.

Donc l’expression porte à confusion. Elle laisse penser que les deux choix sont également souhaitables parce qu’ils sont tous les deux insatisfaisants. Mais c’est assez courant après tout qu’on exprime la volonté de refuser un choix entre deux mauvaises options.

Le problème vient de la situation en elle-même. On devrait pouvoir choisir une bonne option.

Dans l’immédiat, ce n’est cependant pas au menu.

Emmanuel – Choléra – Macron vient nous cueillir à la fin d’un quinquennat éprouvant, rythmé par la remise en question des acquis sociaux, une société plus tendue et divisée, des promesses d’écologie délaissées et une crise sanitaire gérée de façon, disons “très insatisfaisante”.

Et pourtant, je me pose devant mon clavier pour vous dire que Marine Le Pen (ou l’extrême droite de façon générale, même si l’ex-sniper de Laurent Ruquier est pire) AKA Yersinia Pestis est pire et donc encore plus à éviter.

Pourquoi  donc ? Je déroule l’argumentation, mais surtout les liens à grignoter et à partager avec tous, curieux et moins curieux, proches ou pas, accros à la carte électorale ou abstentionnistes.

L'extrême-droite est surtout diabolisée pour ses idées ... d'extrême-droite

Parmi les meilleures armes défensives de l’extrême-droite trône le fameux “bah voilà, on cherche encore à exagérer la dangerosité de l’extrême-droite. C’est un malentendu, ces personnes sont sans doute mal informées”.

Je vous propose de vous faire votre idée avec ces ressources :

La page wikipédia de l’extrême-droite en tant que courant politique

Le programme de Marine Le Pen

Le programme d’Eric Zemmour

Mon analyse de ces propositions politiques

Une analyse de l’idéologie politique du Rassemblement National

Une analyse de l’idéologie d’Eric Zemmour

En bref, l’extrême-droite, c’est beaucoup de choses, parfois contradictoires, parfois dangereuses  d’autres fois moins. Mais c’est quasiment toujours le mouvement qui promeut le plus l’oppression des minorités, l’anti-intellectuallisme, la xénophobie, le racisme et le fascisme et de façon générale, des positions réactionnaires.

Vous le savez déjà, mais j’ai mis ces liens pour deux raisons : démontrer que c’est documenté, depuis longtemps et de façon très claire et montrer que ce ne sont pas des “dérives” , mais au contraire, des valeurs fondamentales de ce mouvement.

Oui mais Macron, c'est le candidat du système, et ... Et Le Pen aussi, comme Zemmour

Eric Zemmour et Marine Le Pen sont aussi proches d’être des candidats anti-système que je suis d’être nominé pour le prochain ballon d’or (ne me cherchez pas à l’écran durant la cérémonie, c’est vraiment pas la peine).

Là encore, quelques liens faciles à consulter et partager :

Petit article sur le parcours de Marine Le Pen

Vidéo présentant les liens entre le milliardaire Vincent Bolloré et Eric Zemmour ainsi que leur projet commun

Analyse par une chercheuse au CNRS de la couverture médiatique de l’élection présidentielle dans l’émission TPMP de Cyril Hanouna et une interview de son autrice.

Une retrospective de l’INA sur les liens entre Marine Le Pen et la Russie

Le couple vedette de l’extrême-droite française n’est pas anti-système. Ils sont riches, puissants et/ou soutenus par des oligarques de France et d’ailleurs. Leur opposition au système est une posture, ils en sont au contraire des acteurs particulièrement bien établis.

 

"Oui, mais concrètement, ça ne sera pas pire s'ils arrivent au pouvoir"

Une fois de plus, je propose des liens pour souligner le fait que le danger de l’extrême-droite n’est pas métaphorique, aussi convaincante soit son entreprise de dédiabolisation. ils deviennent de plus en plus fort pour faire du marketing autour de leurs idées, mais il n’y a pas besoin de beaucoup gratter le vernis pour comprendre la supercherie. 

Un peu de démaquillant :

Courte vidéo pour comprendre en quelques minutes en quoi les mesures de Marine Le Pen sont encore pires que celles d’Emmanuel Macron

L’analyse par le Shift Project des propositions des candidats vis–vis de la stratégie nationale bas-carbone

Un petit fil twitter sur les pires propositions et mesures récentes de Marine Le Pen

 
Donc le programme est vraiment … D’extrême-droite. Pas de réelle surprise, mais on a tendance à l’oublier, au milieu des débats, de la relativisation et autres écrans de fumée. Ce sont des mots précisément choisis qui deviendront des actes dangereux.

Des paroles ? Pas que, pas que ...

Pour conclure !

Nous sommes tous fatigués et lassés par ce quinquennat et ceux d’avant, par un système qui méprise nos vies et nos intérêts. Emmanuel Macron n’a pas inversé cette tendance, au contraire. C’était un mauvais président, notre choléra.

Toutefois, même dans le mauvais, il y a des gradations. La plupart d’entre nous sait ce que représente la peste de l’extrême-droite. Les liens servaient juste à rappeler pourquoi même face à la République En Marche, il faut voter contre le Rassemblement National. Il faut le faire pour le climat,  la lutte contre les inégalités, nos institutions, notre diplomatie …

Je sais que c’est séduisant de se dire qu'”ils” nous volent ce que “nous” méritons. C’est la méthode favorite de l’extrême-droite, pointer du doigt des coupables indignes plutôt que d’essayer d’apporter des solutions constructives.

C’est séduisant, sur le papier, c’est même galvanisant d’avoir un ennemi ou un adversaire. Mais dans la réalité, les problèmes complexes ont rarement des solutions simples.

Pour ceux qui se diraient qu’après tout, “certains” “abusent”, “exagèrent” , “profitent” , gardez en tête, s’il vous plaît qu’une fois que les “nuisibles” auront été été “écartés” ou “rappelés à l’ordre” , les doigts se pointeront dans une autre direction. Il faudra toujours un bouc émissaire.

Mais Martin Niemoller, un militant pacifiste allemand l’a mieux exprimé que moi :

Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai pas protesté, je n’étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté, je n’étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait personne pour protester.

 

Je ne vous ne vous surprendrai pas en vous disant qu’il a écrit ces lignes à la fin des années 40, après avoir été libéré de Dachau.

 Bien sûr, le RN et Reconquête ne sont pas des partis nazis. Mais ce sont de très très loin les partis préfèrés des nazis, des fascistes et des racistes.

Ce n’est pas une coïncidence, une partie de leur stratégie consiste à leur faire des clins d’oeil juste assez discrets pour garder une image “respectable”.

Leur projet vise surtout à faire miroiter des illusions reposant sur la division et la manipulation.

C’est pour toutes ces raisons, vraiment pire que La République En Marche. Cela justifie à mon sens une opposition ferme. Pas un vote pour ni neutre, un “non” univoque.

Et ça m’écoeure autant que vous, mais plutôt que de refuser de faire le choix parce qu’il est dur, je propose de le faire puis de construire ensemble de bonnes alternatives. Pas dans 5 ans, mais tout de suite après l’élection.

Mon vote ne sera pas une forme d’approbation, mais de préférence entre deux maux. Il ne m’empêchera pas de me démener pour changer les choses, avec vous si vous le souhaitez.

À très bientôt,

Un passant curieux